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Le portrait de Lucien de Rubempré


Voici une lecture analytique de l’extrait du roman d’Honoré de Balzac, Les illusions perdues sur le portrait de Lucien de Rubembré, réalisée en classe de 1ère en français dans le cadre de a séquence « Le personnage de roman, du XVIIème siècle à nos jours ».


Introduction :

Honoré de Balzac (1799-1850) : romancier réaliste, auteur de La comédie humaine, composée de 90 romans dans lesquels il fait revenir certains personnages. Il y décrit la société de son époque, notamment la fin de la noblesse et l’ascension de la classe bourgeoise.


Les illusions perdues : Lucien de Rubempré rêve d’ascension sociale après une noblesse ruinée en province. Dans cet extrait, le héros vient d’arriver à Paris et le narrateur réalise un portrait négatif par rapport à la société parisienne.


Lecture :

— J’ai l’air du fils d’un apothicaire, d’un vrai courtaud de boutique ! se dit-il à lui-même avec rage en voyant passer les gracieux, les coquets, les élégants jeunes gens des familles du faubourg Saint-Germain, qui tous avaient une manière à eux qui les rendait tous semblables par la finesse des contours, par la noblesse de la tenue, par l’air du visage ; et tous différents par le cadre que chacun s’était choisi pour se faire valoir. Tous faisaient ressortir leurs avantages par une espèce de mise en scène que les jeunes gens entendent à Paris aussi bien que les femmes. Lucien tenait de sa mère les précieuses distinctions physiques dont les privilèges éclataient à ses yeux ; mais cet or était dans sa gangue, et non mis en œuvre. Ses cheveux étaient mal coupés. Au lieu de maintenir sa figure haute par une souple baleine, il se sentait enseveli dans un vilain col de chemise ; et sa cravate, n’offrant pas de résistance, lui laissait pencher sa tête attristée. Quelle femme eût deviné ses jolis pieds dans la botte ignoble qu’il avait apportée d’Angoulême ? Quel jeune homme eût envié sa jolie taille déguisée par le sac bleu qu’il avait cru jusqu’alors être un habit ? Il voyait de ravissants boutons sur des chemises étincelantes de blancheur, la sienne était rousse ! Tous ces élégants gentilshommes étaient merveilleusement gantés, et il avait des gants de gendarme ! Celui-ci badinait avec une canne délicieusement montée. Celui-là portait une chemise à poignets retenus par de mignons boutons d’or. En parlant à une femme, l’un tordait une charmante cravache, et les plis abondants de son pantalon tacheté de quelques petites éclaboussures, ses éperons retentissants, sa petite redingote serrée montraient qu’il allait remonter sur un des deux chevaux tenus par un tigre gros comme le poing. Un autre tirait de la poche de son gilet une montre plate comme une pièce de cent sous, et regardait l’heure en homme qui avait avancé ou manqué l’heure d’un rendez-vous. En regardant ces jolies bagatelles que Lucien ne soupçonnait pas, le monde des superfluités nécessaires lui apparut, et il frissonna en pensant qu’il fallait un capital énorme pour exercer l’état de joli garçon ! Plus il admirait ces jeunes gens à l’air heureux et dégagé, plus il avait conscience de son air étrange, l’air d’un homme qui ignore où aboutit le chemin qu’il suit, qui ne sait où se trouve le Palais-Royal quand il y touche, et qui demande où est le Louvre à un passant qui répond : — Vous y êtes. Lucien se voyait séparé de ce monde par un abîme, il se demandait par quels moyens il pouvait le franchir, car il voulait être semblable à cette svelte et délicate jeunesse parisienne. Tous ces patriciens saluaient des femmes divinement mises et divinement belles, des femmes pour lesquelles Lucien se serait fait hacher pour prix d’un seul baiser, comme le page de la comtesse de Konismarck.


Problématique : pourquoi le héros, dans cet extrait, peut-il être qualifié d’anti-héros ?


Plan :

I. Le portrait du héros : un portrait en contre-point

1) Un jugement négatif du personnage de lui-même

2) Portrait du narrateur omniscient

3) Portrait du héros par rapport aux autres.


II. Le portrait des jeunes gens

1) Portraits détaillés des jeunes gens

2) Détails représentatifs d’une société de luxe

3) Valorisation des autres


III. Une mise en scène de début d’intrigue

1) Mise en scène par rapport aux autres personnages

2) Le « piège » du héros : malaise et jalousie

3) Le rôle symbolique de la femme


I. Le portrait du héros : un portrait en contre-point

1) Un jugement négatif du personnage de lui-même

l.1 : les pensées de Lucien sont retranscrites au style direct.

« J’ai l’air » →comparaison dévalorisante

« Avec rage » → Lucien ne veut pas que cette situation dure.

=Lucien a une mauvaise image de lui-même car il se compare aux autres.


2) Portrait du narrateur omniscient

Le narrateur complète le portrait physique de Lucien :

l.7 : « précieuses distinctions physiques […] MAIS » →rupture

l.8 : « L’or était dans sa gangue » →métaphore

=Lucien a de nombreuses qualités mais elles sont cachées et ne sont pas mises en valeur.

Le portrait du héros est basé sur des antithèses « figure haute » ≠ « enseveli », « jolis pieds » ≠ « bottes ignobles », « jolie taille » ≠ « sac bleu » → questions rhétoriques du narrateur omniscient.

=Portrait négatif du héros


3) Portrait du héros par rapport aux autres.

« il voyait », « en voyant » → Lucien se compare aux autres »

« étincelants de blancheur » ≠ « rousse »

« merveilleusement gantés » ≠ « gants de gendarme » → Tout ce qui appartient aux autres est positif alors que sur lui, ça na va pas.

« enseveli dans un vilain col de chemise » →métaphore : cette société le tue.


II. Le portrait des jeunes gens

1) Portraits détaillés des jeunes gens

Toutes les caractéristiques des autres personnes proviennent de l’extérieur (habits ou accessoires).

On retrouve le champ lexical des habits : « chemise à poignet », « boutons » , « pantalons », « éperons », « redingote », « gilet » et des accessoires : « cannes », « cravache », « montre plate ».

Les jeunes gens sont désignés par des déictiques : « celui-là », « celle-là » → on a l’impression que Lucien les montre du doigt.

=Le portrait de ces dandys est très précis.


2) Détails représentatifs d’une société de luxe

l.2 : « gracieux, coquets, élégants » → rythme ternaire, accumulation

l.3-5 : « qui tous avaient une manière à eux qui les rendait tous semblables […] ; et tous différents par le cadre que chacun s’était choisi pour se faire valoir. » → parallélisme de construction + antithèse

=Ils ne se ressemblent pas individuellement mais forment un groupe uni.

Tout ce qui les caractérise est positif : « finesse », « noblesse », « délicieusement », « mignons », « charmante », …→accentue l’opposition entre Lucien et les autres.


3) Valorisation des autres

« jeunesse dorée parisienne » → monde de l’apparence.

« tacheté de quelques éclaboussures » →mise en scène

l.20-21 : « jolies bagatelles » + « superfluités nécessaires » → satire par l’oxymore

l.15 : « capital énorme » → tout ce luxe coûte de l’argent.

=il faut payer pour être, en apparence, un joli garçon.


III. Une mise en scène de début d’intrigue

1) Mise en scène par rapport aux autres personnages

l.5 : « mise en scène » → rien n’est naturel, ce sont des acteurs qui prennent la pose.

Lieu : Les Tuileries→ lieu, dans la capitale, où l’on se montre.

l.15 : « badinait » → paroles vides

=Tout est calculé pour se mettre en scène


2) Le « piège » du héros : malaise et jalousie

l.22 : « Plus il admirait » → comparatif

l.23 : « son air étrange » →négatif

l.26 : « séparé de ce monde par un abyme » → métaphore

l.26 : « franchir » → métaphore filée

=Lucien se sent en décalage avec ce monde. Le malaise laisse place à la colère et la jalousie, puis à l’envie et au désir d’ascension.


3) Le rôle symbolique de la femme

l.28 : « se serait fait hacher » → métaphore, hyperbole

l.28 : « femmes divinement belles » → hyperbole

l.29 : « comme le page de la comtesse de Konismarck. » →comparaison explicite

=Lucien se sent inférieur à cette société mais, à l’idée de séduire une femme, il veut grimper dans l’échelle sociale.


Conclusion :

-bilan I, II, III

-réponse à la problématique: Lucien apparait dans cet extrait comme un anti-héros par rapport à son propre regard car il est victime de l’illusion que donne cette société.

-Ouverture : On pourrait comparer cet extrait avec le portrait du héros de Maupassant dans Bel-Ami, Georges Duroy, qui, rêve aussi d’ascension sociale mais, à l’inverse de Lucien, est sûr de lui et va y parvenir alors que ce ne sera pas le cas pour Lucien.


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