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Bac 2015 : ma copie de français 20/20


Voici ma copie de français du Bac 2015 dont le sujet portait sur "Le texte théâtral et sa représentation, du XVIIème siècle à nos jours". Vous pouvez retrouver le sujet en cliquant ICI. Contrairement à mes autres copies de Bac, j'ai dû la reprendre car je trouve que l'originale manque vraiment de précision. Mais je conserve le même plan et les mêmes exemples pour ne pas trop "tricher".


Le but n'est évidemment pas que vous en fassiez du copier-coller mais plutôt de vous montrer ce que l'on peut attendre de vous en 4h, le jour de l'épreuve.


Pour rendre la lecture de la dissertation plus facile, je mets :

-en gras : connecteurs logiques

-en bleu : amorces, conclusions et transitions

-en rouge : idée principale

-en vert : exemple


Sujet de la dissertation : "En vous fondant sur des exemples puisés dans le corpus et dans votre expérience de spectateur, vous vous demanderez dans quelle mesure la mise en scène renforce l’émotion que suscite le texte théâtral."


Le théâtre est un genre littéraire à part car, s'il est avant tout un texte, il a pour vocation d'être un spectacle, représenté par des acteurs devant un public. De nombreux auteurs se sont souvent questionnés sur ce qui était le plus important entre le texte ou la mise en scène. Tandis que Molière affirme "tout le monde sait que le théâtre n'est fait que pour être vu", d'autres auteurs, comme Alfred de Musset, créent des pièces qui ne peuvent être représentées à cause de leurs décors trop nombreux : c'est "le théâtre dans un fauteuil". Il est donc légitime de se demander si le texte théâtral est suffisant pour émouvoir son lecteur ou bien, au contraire, si la mise en scène renforce les sentiments exprimés dans le texte d'origine (=problématique). Nous verrons tout d'abord que le texte théâtral est suffisant pour créer de l'émotion chez le lecteur, puis que la mise en scène accroît cette émotion. Enfin, nous nous intéresserons plus particulièrement à l'efficacité du genre théâtral pour émouvoir le public (=annonce du plan).


Tout d'abord, nous allons voir que l'émotion première provient, avant tout, de la beauté du texte seul. En effet, l'auteur travaille beaucoup son texte pour qu'il puisse accentuer les effets voulus sur le lecteur, que ce soit des effets comiques ou, au contraire, la pitié suscitée par les personnages. Ainsi, l'auteur joue beaucoup sur la beauté de la langue, la richesse du vocabulaire ou encore le rythme de la phrase et ses sonorités. Par exemple, dans les tragédies classiques, Racine et Corneille travaillent beaucoup leurs alexandrins. Ce célèbre vers de Corneille, issu du dénouement d'Andromaque : "Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? ", caractérisé par une allitération en /s/, exprime la violence et la douleur d'Oreste qui est en train de mourir et, par conséquent, crée une émotion d'effroi et de pitié chez le lecteur.


De plus, le texte théâtral est très varié et offre donc de nombreux procédés pour émouvoir le lecteur. Entre autre, le dialogue permet l'interaction entre les personnages, source de conflits ou parfois d'aveux. Dans la scène finale de La cantatrice chauve, Ionesco utilise des stichomythies pour accentuer l'effet comique provoqué par l'absurdité du texte. D'autre part, le monologue permet à un personnage de s'exprimer pour que le lecteur puisse comprendre ses pensées et que l'intrigue soit davantage mouvementée. Par exemple, dans Electre de Jean Giraudoux, Clytemnestre dévoile sa haine envers son ex-mari Agamemnon à travers un long monologue cinglant. Le lecteur est alors effrayé par cette femme violent et sans cœur. Par ailleurs, les didascalies sont un autre élément spécifique au théâtre qui donnent des indications de lieux, de costumes ou encore d'intonation. Ainsi, le lecteur peut s'imaginer la scène dans toute sa grandeur alors que, s'il était au théâtre, il ne verrait que des artefacts et ficelles des coulisses, ce qui peut briser l'illusion théâtrale.


Enfin, le texte théâtral suscite de l'émotion de par la liberté qu'il offre au lecteur. En effet, celui-ci peut choisir de relire ses passages préférés pour ressentir à nouveau l'émotion que lui donne le texte, ou bien, au contraire, sauter quelques scènes qu'il trouve moins intéressantes. Le texte théâtral a aussi comme avantage principal de laisser au lecteur le choix de s'imaginer la scène. Ainsi, dans Loranzaccio, pièce composée par 25 lieux différents et plus de 70 personnages, le lecteur est libre de s'imaginer les rues de Florence ou Venise. Lors d'une représentation, il pourrait être déçu par le peu de décors présents sur scène, ce qui enlève le caractère grandiose de la pièce. De même, dans Médée de Corneille, le personnage éponyme s'enfouit à la fin sur "un char tiré par deux dragons". Le lecteur est alors obligé d'imaginer cette scène car la mise en scène serait impossible.



Cependant, Ionesco déclare : "Tout est langage au théâtre : les mots, les gestes, les objets. Il n'y a pas que la parole". Il affirme donc que l'émotion au théâtre provient aussi bien de la parole, qui est le texte cité par les comédiens, mais aussi par tous les éléments de la mise en scène. Nous allons donc voir en quoi la mise en scène renforce les effets du texte théâtral. Tout d'abord, les éléments propres à la mise en scène ont pour but de rendre le spectacle plus vivant, et donc plus chargé de sentiments. En effet, les éléments techniques tels que la musique, l'éclairage, la bande-son ou encore les accessoires, permettent de donner du sens à la pièce. Par exemple, dans la mise en scène de Phèdre, Patrice Chéreau accentue le caractère effrayant de la pièce en ajoutant une musique grinçante, ce qui a pour but de susciter de l'angoisse et de l'inconfort chez le spectateur. Par ailleurs, les costumes traditionnels n'auront pas la même portée que des costumes modernes, de même que des décors épurés seront différents d'un décor "lourd". Ainsi, dans la mise en scène de La Cantatrice chauve, le metteur en scène Jean-Jacques Lagarce a choisi de mettre en fond une maison démesurément petite pour accentuer le comique de caractère des personnages stéréotypés. De même, les costumes sont exactement identiques pour Madame Smith et Madame Martin, ce qui fait sourire spectateur.


De plus, l'émotion provient principalement du jeu des acteurs. En effet, on ne peut rester insensible devant les larmes de Phèdre ainsi que devant la colère de Lucrèce Borgia une fois qu'ils se trouvent devant nous. La mise en scène rend la pièce plus attractive pour le spectateur car il est plus proche du personnage, au sens figuré comme au sens propre. Victor Hugo dit à ce sujet : "Le théâtre est le pays du vrai : il y a des cœurs humains dans la salle, des cœurs humains dans la coulisse et des cœurs humains sur la scène". L'auteur affirme donc ici que les personnages ressentent de véritables émotions et que le public est fasciné par ces personnages. Si certains personnages provoquent de la pitié, d'autres entraînent un rire franc. Dans L'île des esclaves par exemple, Arlequin est un valet de Commedia dell'Arte. Dans la première scène, il boit et chante pour désobéir à son maître Iphicrate. L'acteur, ici, peut improviser sur le lazzi pour accentuer l'effet comique du texte, chose très bien réalisée dans la représentation de la Compagnie des Affamés en 2008.


Enfin, chaque mise en scène peut changer la nature de l'émotion, car, si le texte est le même, l'interprétation du metteur en scène peut changer radicalement le sens du texte. Par exemple, dans la mise en scène traditionnelle de Tartuffe par Jacques Charron, le metteur en scène est fidèle à Molière dans les costumes et décors. En revanche, Philippe Torreton a choisi de créer un Tartuffe beaucoup plus explicite. Il a maquillé ses personnages avec beaucoup de couleurs et a choisi des costumes modernes. Ainsi, dans la scène entre Tartuffe et Elmire où Orgon est caché sous la table, le personnage éponyme feint de violer Elmire. Le spectateur est alors horrifié par la violence du faux-dévot. Chaque mise en scène étant différente, les émotions chez les spectateurs peuvent être accentuées ou modifiées.



Il apparaît à présent que la mise en scène renforce l'émotion suscitée par le texte initial. Il est donc intéressant de nous demander en quoi le théâtre est un genre idéal pour transmettre des émotions et quel en est le but. Premièrement, texte et mise en scène au théâtre sont complémentaires et indissociables. Tandis que le lecteur est sensible à la beauté du texte, le spectateur admire le jeu des acteurs. Par exemple, dans Fin de partie, Beckett a choisi de présenter un incipit très original, en écrivant plus de deux pages de didascalies. Ces indications ne donnent pas beaucoup de liberté au metteur en scène et pourtant la représentation de cette pièce frustre énormément le lecteur/spectateur. En effet, dans la mise en scène d'Alain Françon, il n'y a aucun décor, simplement les deux poubelles fermées au centre de la scène, un homme recouvert d'un plaid et un personnage debout. Ce dernier va répéter des actions absurdes, provocant l'incompréhension du spectateur, déjà véhiculée dans le texte de Beckett.


Le théâtre étant particulièrement efficace pour transmettre des sentiments, de nombreux dramaturges en profitent pour "purger" leur spectateur. Dans La Poétique, Aristote désigne par catharsis la "purgation des passions". Le spectateur, en voyant des personnages menés à leur perte à cause de leurs passions démesurées, est alors apte à contrôler les siennes. L'émotion suscitée au théâtre permet donc la catharsis, que Corneille qualifie de " tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie". Ainsi, quand le spectateur voit Médée tuer ses enfants par vengeance envers son amant, il se rend compte de l'absurdité de la violence et du ressentiment. En comédie, le principe est le même : selon l'auteur latin Horace, la comédie permet de "corriger les moeurs par le rire" (castigat ridendo mores en latin). Les personnages représentent donc des types humains. Les traits étant grossis, le spectateur peut s'y retrouver puis se corriger. Les comédies de Molière illustrent très bien ce phénomène puisque Harpagon représente l'avarie, Dom Juan, le libertin et Tartuffe, l'hypocrisie du faux-dévot. Molière parle d'ailleurs de ses personnages comme des "peintures ridicules" qui lui permettent de "corriger les vices de [son] siècle". L'émotion au théâtre, qu'elle soit créée dans le texte ou la mise en scène, permet donc de faire réfléchir son spectateur, sur lui-même et sur les autres.



Nous avons donc vu que le texte théâtral permet de donner l'émotion première de la pièce, qui sera ensuite renforcée par les différentes mises en scène. Nous nous sommes ensuite interrogés sur l'efficacité et l'utilité du théâtre à susciter ces émotions. Après cette étude tentant de démontrer si l'émotion théâtrale provenait plutôt du texte ou de la mise en scène, il est intéressant de se rappeler que l'émotion, comme dans l'art en général, reste un phénomène indescriptible. Elle touche différemment chacun de nous et lecteur et spectateur doivent se laisser prendre au jeu des émotions. Comme le dit Jouvet, "Le théâtre n'est pas un théorème, mais un spectacle" et reste un genre littéraire mystérieux et inébranlable. (=ouverture)


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